Un rayon fait la roue
devant un cadre vide
Une banane mure
croyant garder la ligne
veut se mettre au régime
Un trombone vieillot
A l'air mal embouche
Crache ses sales notes
Sur une portée-pique
Un sarcasme d'envie
germe sur le parquet
atteint le secrétauire
qui s'écroule bêtement
Ridicule et mutin
Un matou trop miteux
Fut maté ce matin
Par deux matheux mutés.
En flots grondants et vagues
Des M mal aimés
glissent sur mon clavier
et s'étalent soudain
Et moi, dans mon lit-cage
Moi, maitre du barreau
Fier de ma couverture
Je mange un avocat.
Mes lents colis...
En vers ou en prose, jeux de mots ou de lumières, au gré du vent et des humeurs...
mercredi
samedi
Nudité: Une vérité très picturale !
« …On dit que « la
vérité sort nue du puits ». Est-ce à dire que ce genre, si abondamment illustré
en peinture et en sculpture, est un modèle d’honnêteté intellectuelle et
artistique ? Le prétexte du nu est en effet trop beau pour ne pas susciter bien
des hypocrisies. Il n’en laisse pas moins de grandes œuvres, belles et émouvantes.
Et aussi, d’intenses et profonds moments de vérité qui mettent en scène l’homme
et la femme dans leur plus simple appareil, images même de la condition
humaine… ».
Ainsi débutait début 2012 le texte de présentation d’une
exposition programmée à Verrières-le-Buisson, en janvier 2012, intitulé « En
simple appareil » et consacré, bien entendu, à la nudité dans l’art, thématique
intemporelle en Occident.
Etrange formulation, étonnante omission. Dans la même
période, début 2012, le musée de Moulins (1), dépendant du Conseil général de
l’Allier, proposait une autre exposition artistique, intitulée « La vérité nue
», et menant l’enquête autour d’une allégorie qui défie désormais le temps (2).
Tout cela en prenant pour point de départ une œuvre appartenant à ce même
musée, « La Vérité sortant du puits », du peintre Jean-Léon Gérome (1824-1904).
Chef d’œuvre de la collection du musée de Moulins, cette œuvre a fait sensation
lors de l’exposition internationale consacrée à l’artiste qui s’est tenue en
2010 et 2010 à Los Angeles, Paris et Madrid. « …Peinture surprenante dans la
production de l’artiste, c’est un magistral coup de fouet visuel qui marque à
jamais le visiteur ! Souvent moquée, parfois critiquée, jamais oubliée, cette
peinture a déchainé les interprétations… ».
Partant de cette œuvre, datant de la fin du XIXe siècle,
plusieurs historiens d’art réputés, telle Dominique de Font-Réaulx,
conservateur en chef au musée du Louvre, ont menée l’enquête pour « …comprendre
les intentions artistiques de Gérome et de ses contemporains… ». Car cette
thématique se retrouve aussi sur le plafond magistral de la Comédie Française,
dans le somptueux décor d’un hôtel parisien, etc. De même que l’idée de « La
vérité nue » se retrouve déjà dans des tableaux de Botticelli, au XVe siècle. «
…Mais la Vérité de Botticelli n’est pas seulement pudique et modeste, elle est
la sœur triomphante de ses Vénus… ».
En fait, au tout début, la vérité était simplement
représentée nue, dévoilée, sans artifice, et brandissant un miroir (ou un soleil),
pour éclairer le monde, comme dans les œuvres de Botticelli (1445), Audran
(1640), Lefèvre (1835), Dubuffe (1885), Delaunay (1888)…jusqu’à l’affaire
Dreyfus (1890) et le célèbre « J’accuse » de Zola publié dans le Figaro,
reprenant l’allégorie pour défendre l’accusé. Dans la foulée, les artistes
dreyfusards, tel Baudry ou Gérome, s’emparèrent du sujet, et exprimèrent chacun
à leur façon comment la Vérité, un jour, sortirait du puits où la calomnie et
le mensonge l’avaient enfermé, pour éclairer le monde, dans toute sa nudité.
Pour Gérome, cette Vérité, bien que nue, n’était pas pour autant souriante et
avenante, puisque venue exprimée une saine colère !
Depuis, la phrase est restée dans les mémoires, devenue
comme un leitmotiv pour certains, en oubliant toute référence allégorique, et
toute connaissance artistique. Dommage.
(1) Musée
Anne-de-Beaujeu et Maison Mantin, place du Colonel Laussedat 03000 Moulins –
Tél : 04.70.20.48.47 – Mail : musee-a-beaujeu@cg03.fr – Web : Musée de Moulins .
(2) le dossier de presse de cette exposition est toujours disponible sur le site du musée, présentant les différentes œuvres rassemblées pour cette
enquête artistique, avec les textes d’explication
Rectangle blanc sous influence
Face à sa feuille blanche, l'écrivain se torture, brave ses
émotions, harcèle son espoir, pour donner à sa main l'élan libérateur qui fera
d'une ligne, d'une phrase ou d'un vers, une oeuvre personnelle, spontanée ou
mûrie, destinée au lecteur, à l'autre ou l'être aimé.
Devant sa toile blanche, assis au chevalet, mesurant le
sujet, évaluant à son rythme les formes et couleurs, ou stylisant soudain
quelque idée incongrue, le peintre le rejoint, pour un apport idem.
Et la matière vierge qui retient le sculpteur provoque sans
conteste les mêmes vibrations. Impuissant ou fébrile, avant tout premier coup,
il sait qu'il jouera là un moment de sa vie, qu'il donnera à voir un peu de son
humeur ou de ses joies cachées.
Nul ne contestera qu'ils sont d'un même monde, même si modes
et temps les jugent misérables, ou génies séculaires, selon le bon vouloir de
critères inconnus.
En serait-il tout autre pour celui qui, un jour, négligeant
le pinceau, la plume ou le marteau, outils aux formes simples, préfère se
cacher, comme dit le profane, derrière un appareil qui soit-disant fait tout,
pour être photographe. Suivre ce raisonnement ferait fi d'un état qui mérite
attention. Et vaut explication.
Dans l'esprit de beaucoup, la photo n'a qu'un but: geler en
souvenir un moment important, conserver le plaisant pour les années futures, ou
servir de témoin pour d'étranges redites.
Voilà qui est bien mince, et plutôt réducteur.
Dans un monde d'images, animées ou figées, l'illusion est
facile.
Mais si le photographe joue de la lumière pour éclairer
l'instant, il peut en un regard devenir créateur, rechercher le parfait,
magnifier le banal, ou révéler l'idée qu'il déniche un beau jour dans une ombre
insolente. Sa démarche est multiple, et se veut insatiable. On ne peut bien
montrer que si l'on comprend bien, que si l'on perçoit juste. La technique est
bien fade si le regard est terne, oui si l'esprit sommeille, quand l'image
apparaît.
Comme pour le fusain, la plume ou le burin, la focale n'est
rien sans l'utilisateur, qui la prend pour outil afin de nous transmettre ce
qu'il voit ou qu'il rêve, qu'il ressent ou qu'il vit.
Et quand le visiteur, entrant dans un salon, de beaux-arts
annoncés, admire le cliché d'un soleil au couchant, apprécie le sourire d'un
portrait juvénile, ou lève le sourcil devant un noir et blanc qui éclipse le
tout, il ne peut plus douter que les oeuvres ainsi faites sont autant
d'expressions libres de toute chaînes.
Même si pour cela, l'artiste géniteur, comme tous ses
confrères, dut les imaginer...sur un rectangle blanc...
Illustration : Photo retenue pour accompagner une citation de Jean Zay, exposée à la Médiathèque d'Ingré à partir de novembre 2017.
jeudi
Ceux qu'on damnait
Allongé sur le ventre
les deux mains dans le dos
Il attend le couteau
qui reste dans son antre.
Il rêve de soleil
de rivière et de joie
Et il pense aux abeilles
qui volent dans les bois.
Mais voulant couper court
A tous ces rêves idiots
nous voyons le couteau
s'abattre en un bruit sourd.
Voilà qui est bizarre
Le couteau rebondit
Epargnant le taulard
Qui trouve ça inouï.
Pas moins que le Samson,
Qui sur le coup se meurt
Condamnant le garçon
A se faire pendre ailleurs !
les deux mains dans le dos
Il attend le couteau
qui reste dans son antre.
Il rêve de soleil
de rivière et de joie
Et il pense aux abeilles
qui volent dans les bois.
Mais voulant couper court
A tous ces rêves idiots
nous voyons le couteau
s'abattre en un bruit sourd.
Voilà qui est bizarre
Le couteau rebondit
Epargnant le taulard
Qui trouve ça inouï.
Pas moins que le Samson,
Qui sur le coup se meurt
Condamnant le garçon
A se faire pendre ailleurs !
vendredi
Pensées en vrac...
- Se consumer d'amour, c'est mourir à petit feu...
- Mieux vaut crever en silence que se dégonfler en public.
- Quand le gouvernement s'écrase, le peuple se soulève.
- Ne retournez jamais votre veste avant d'avoir trouvée votre doublure.
- Chacun est libre de refuser la liberté.
- Mieux vaut crever en silence que se dégonfler en public.
- Quand le gouvernement s'écrase, le peuple se soulève.
- Ne retournez jamais votre veste avant d'avoir trouvée votre doublure.
- Chacun est libre de refuser la liberté.
mercredi
Au delà de l'admiroir
Bientôt, je serais moi.
La pluie tombe sans cesse, indifférente aux hommes.
Et qu’importe les
autres quand tout m’est anodin.
Midi vient de sonner, et je n’en ai que faire.
Je préfère le calme de ma chambre dorée. Le rythme lent des gouttes sur la
vitre embuée me berce gentiment. Ephémère bien-être qui réveille mes songes,
qui embrase mes sens. Moi l’incomprise fille, idole des ados, au talent
surnoté, je ne veux plus paraître. Mon être se rebelle, rejette le passé.
Le couvre-lit défait libère les draps blancs, qui me prennent en écrin.
Je m’y love à souhait, m’y retourne sans cesse, en toute nudité, sans aucune
pudeur, libre de mes mouvements. Je suis seule et j’adore. Je m’aime et me
retrouve.
Adieu gens de nulle part, de partout et d’ailleurs, qui volaient mes
soirées, s’abreuvant d’un talent qui m’était étranger. Adieu hommes de peu qui
jouaient de mon corps, en toute indifférence, seulement dans le noir, pour en
faire un souvenir, abusant de ma vie.
Je m’aime et me retrouve, face à la glace sage, sous la lumière douce
d’une lampe voilée.
Miroir, o beau miroir, comme tu me comprends. Comme tu me
respectes.
Moi qui n’ai rien connu, sinon le superflu, l’inutile et l’horreur
d’une vie d’artifice.
Je m’aime et me découvre.
Mes mains aventurières explorent ma peau
blanche, et ses moindres replis, s’attardent sans frémir là où, en d’autres
temps, d’autres s’y acharnaient au mépris de ma chair.
Mes mains m’aiment à loisirs, et me le rendent bien.
J’aime qu’elles
s’échappent, frôlent mes petits seins, dressant leurs pointes roses, unique
dominante d’une poitrine absente. J’aime quand mes doigts fins glissent sur mon
nombril, écartent ma toison, pour me donner l’amour. Quand elles s’insinuent
dans mes chairs assoiffées, et provoquent à l’envie l’ivresse de mes sens.
Nul homme dans ma vie me donna tant de joie, ne sut si bien y faire. La
glace ne ment pas. Mon visage extasié prouve tout mon bonheur. Je m’aime et mes
mains m’aiment. Mes mains tendres et souples, source de tant joie, et de tant
de succès que je ne veux plus miens.
Mains d’or et profil bas, disait un père idiot. Laideron anémié sauvé
par ses phalanges, écrivit un matin un plumitif amer, qui passa par mon lit et ne
se remit pas d’avoir été séduit. La chose est entendue, voulue et amplifiée.
Les affiches s’empilent, et disent la même chose, ritournelle imbécile, pour
marquer les années d’une gloire abhorrée. Silhouettes et lettres d’or, même pas
un visage, et c’est peut-être mieux. Je ne veux plus les voir. Ils ne
m’entendront plus.
Le temps s’est arrêté, le concert est fini. Que tout le monde sorte.
Mes mains jouent pour moi seule un hymne à l’infini, improvisant sans cesse
pour mon seul agrément. Mon corps est leur clavier, plus doux que l’ébonite,
plus fou qu’un piano droit. Je suis leur seul public, et leur seul instrument.
Quoi de plus réussi ?
Pour elles autant que moi, puisse qu’en harmonie la vie soit symphonie,
et jamais achevée…
Au nid soit qui mal y pense
Pas si sotte que ça, Sidonie s'est sauvée.
Attirée par les mots d'un être trop malin
Soumises à ses caprices, prise et reprise à souhait
Sensée et si songeuse, elle fermait son esprit
Idolâtrant le corps, et trouvant là sa voie.
Oublierais-je sa vie, qui réveillait mon âme
Naguère, en d'autres lieux, quand j'étais un peu fou.
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